Exposition de Blandine Brière à

Blandine BRIERE est une artiste qui fait appel à notre mémoire. Elle réitère la pensée vernaculaire toujours au profit d’un processus qui valorise le fait du vivre ensemble… Voilà l’un des atouts qui s’est révélé lors de sa venue à la fabrique , en partenariat avec l’association 2Angles pour une résidence au sein de l’entreprise « Terreal ». Cette entreprise est forte de son expérience dans la fabrication de tuiles de faîtage, et qui comme l’artiste ont partagé un savoir faire. Les ouvriers qui qui oeuvrent au son de l’usine et qui la font vivre, valorisent la qualité et le design d’un lieu propre à soi , un toit pour s’abriter , une notion de savoir-être proche du « domus », le domaine à soi, à l’image d’un corps qu’on protège.

Blandine ne se revendique pas spécialement chercheur mais suit cette éthique dans ces réalisations plastiques. Elle met en avant un questionnement qui se réalise au contact de chacun, dans une forme d’intimité propre ; basé sur la recherche sonore. Elle élargie les seuil de tolérance de la musique à l’évocation du temps sonore. Proche de la pensée de Cioran « la musique est du temps sonore », elle prend le temps d’une histoire qui se raconte, (qui se rend-compte), qui fait signe sans se borner à la narration.

À l’image d’un pot qui peut contenir sans corrompre son contenu, mais juste le préserver, elle a peut-être voulu signifier cette résonance avec cette aventure de « Terreal », toucher à la terre, investir une Odyssée au coeur de l’usine en usant de la terre et des sons, parole et céramique qui abritent une onde.

Il n’est pas rare de retrouver dans ses travaux précédents des échos à la parole, au fil narratif, à la peau, à l’alchimie des molécules. Des réalisations qui ne présentent pas forcement une icône mais évoquent le souffle d’un oracle, des pavillons, des antennes qui transmettent une image mentale vibratile avant tout.

Au bord de la membrane vibre donc un message à en-visager, un territoire via le corps et le texte ; à entendre comme le [cortexte] d’un territoire.

A l’image d’une grande vague qui nous protège nous supposons la « mer » [mère] originelle, au sein d’une charpente enveloppante. Nous sommes au coeur de la terre, d’un ventre d’argile, non loin de ces mains négatives qui ont caressé et façonné la forme et dont Duras dit qu’elles « appellent l’autre ». Cette forme est un appel au regard, au sens et aux matières.

L’étymologie du paysage, dans la définition donnée par le Littré est le paysage qu’on embrasse du regard, comme prendre dans ces bras. Et à entendre le retour des agents de l’entreprise : oui ! la relation avec l’artiste se rapproche du fusionnel. Ils ont construit, essayé et réalisé ensemble cette sculpture qui ne se borne plus à ses dimensions physiques propres, mais qui relate une impulsion, un mouvement au coeur de Terréal.

Loin de l’identité d’une galerie, les oeuvres de Blandine BRIERE s’appuient sur la recherche et l’institution. Rien de kitch ou de trop élitiste, il n’y aura point d’anecdotes croustillantes mais une pure sincérité du savoir-être de l’artiste engagé par sa recherche, le syncrétisme d’une valeur qui ne se mesure pas par des chiffres, où «rien n’est établi», mais comme le dit l’anagramme d’Albert Einstein où « tout est relatif », où la science et l’art font oeuvre de philosophie, d’écosophie artistique.

Informations pratiques