Sur terre ou ailleurs + Zéphyr Alphonse à Nantes

Projection - Documentaire. de Marc Picavez. C'est une question de frontières : celles que dressent, arbitraires et aveugles, les appareils bureaucratiques entre les êtres humains ; celles, géographiques, qui peuvent les rapprocher, en dépit des obstacles.

C'est également une question de passage(s) : celui, plein de périls, d'un continent à un autre (comme dans le cas de Youssouf qui, après avoir dû s'exiler de sa Guinée natale, cherche à se construire à Nantes) ; celui, intérieur, et parfois tout aussi escarpé, entre l'adolescence et l'âge adulte, comme l'illustre Sahra, tiraillée (ou portée) entre son identité en construction et ses aspirations artistiques.

C'est, enfin, la question, en arrière-plan, d'une foutue crise sanitaire, qui dresse de nouveaux obstacles, de nouvelles frontières, mais qui incite à la réflexion et, indispensablement, à un renouveau.
C'est l'histoire d'un groupe de jeunes gens, exilés ou non, d'horizons différents, qui, ensemble, avec l'âpre opiniâtreté de leur âge, cherchent à monter un spectacle chorégraphié à Nantes. Et ce sont celles et ceux à qui le réalisateur Marc Picavez a attaché ses pas, les filmant au plus près, avec une exquise pudeur, leur abandonnant la parole, parole d'autant plus précieuse qu'elle est libre de toute entrave, de tout jugement. Comme une large respiration.

Zéphir-Alphonse
La Sahra du documentaire de Marc Picavez et celle de Zéphir-Alphonse (anciennement Sahara) sont une seule et même personne : Sahra Cherifi, vingt ans et des poussières (d'étoiles), et qui rêve justement d'en devenir une - non pas star au sens des vaines glorioles médiatiques, mais une étoile, une vraie, qui brille inexorablement de par sa ténacité. C'est armée de ses seuls mots, pugnaces, agiles, acérés, tout en scansion hip-hop, et épaulée par un beatmaker, qu'elle prend son rêve en main, avec la scène comme exutoire, et tremplin pour les décrocher (les étoiles, donc).

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